Tour du
Mont
blanc en VTT, du 4 au
Nous (Jean-Paul Cosquer et moi, Guillaume Arnold) sommes deux voisins, deux amis, qui tous les dimanches depuis 5 ans faisons ensemble deux à trois heures de VTT, quelque soit la saison, quelque soit le temps.
Nous habitons Sourcieux les mines dans les Monts du Lyonnais.
Nous avions envie de partir quelques jours en randonnée, histoire de faire un grand tour. Quand tout à coup, l’idée de faire le tour du Mont blanc est venue. Je connais bien la montagne pour y aller chaque année en hiver et en été. Plus jeune, j’avais parcouru le TMB (Tour du Mont Blanc) à pied. Je me rappelle des longues montées mais aussi des longues descentes (à pied, la descente n’est pas toujours une partie de plaisir). Le tour du Mont Blanc est un parcours exceptionnel : Trois pays à traverser, six vallées, quatre cols à 2500 m, des vues extraordinaires et vertigineuses, des parcours variés.
L’idée a tout de suite plu à Jean-Paul. Nous décidions de tenter l’aventure en 2006 mais Jean-Paul se cassa le poignet, remettant notre projet à juillet 2007.
Entre temps, Maxence, le fils de Jean-Paul, 13 ans, s’est mis au VTT aussi. Malgré la dureté de ce sport, il sort avec nous tous les dimanches avec une motivation : faire le tour du Mont Blanc. A cet âge, l’entrainement a vite des effets très positifs et Maxence n’a bientôt plus aucune difficulté à nous suivre. Encore quelques mois, et on ne le verra plus. Nous décidions de l’emmener avec nous.
Nous avons décidé de réaliser le TMB en trois jours, trois étapes : Les Contamines-Montjoie (France) -> Courmayeur (Italie), Courmayeur -> Champex (Suisse), Champex -> Les Contamines Montjoies. Cela paraît ambitieux certes, mais sans un peu d’ambition, on ne fait rien !
Date fixée : du 4 au 7 juillet.
L’aventure a été pour nous exceptionnelle et j’ai souhaité vous la raconter, peut être pour vous donner envie à votre tour de tenter l’aventure.
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Mercredi
Après
une nuit trop courte, nous nous levons à
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Il
a plu toute la nuit. La météo s’annonce
hivernale : averse de neige à partir de 2000 m,
vent en rafale à plus de
80 km/h.
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Nous
prenons notre courage à deux mains et attaquons la
montée à
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Nous engageons la traversée du Signal à la Balme. Le chemin est très accidenté, nous obligeant à porter notre vélo à maintes reprises. Nous perdons une heure dans ce parcours qui ne nous fait gagner que peu de dénivelée. Arrivé à la balme, nous attaquons enfin la montée, la vraie. Nous quittons vite nos vélos pour d’abord pousser puis porter, puis pousser, puis porter, au gré des envies et des douleurs diverses. Nous arrivons très vite à des chemins enneigés. L’humidité se transforme vite en froid qui nous colle à la peau. Mon rythme est un peu plus rapide que Jean-Paul et Maxence, qui a un peu de mal à pousser son vélo. Pour un ado de 13 ans, trainer un vélo de 14 kg dans des chemins où même le randonneur à pied tord l’échine, n’est pas une cure de jouvence. Jean-Paul, en père attentionné et responsable reste au côté de Maxence, l’encourageant à accomplir chaque pas. J’arrive au col du Bonhomme. Le vent est fort. Heureusement, une petite cabane me permet de m’abriter avec quelques autres randonneurs. J’attends. Jean-Paul et Maxence tarde à arriver. Le vent est de plus en plus fort, la neige tombe drue et commence sérieusement à tenir au sol, 5 cm déjà par endroit, la température doit être proche de 0, le brouillard gâche la visibilité à 20 mètres. Je regarde les quelques traces qui se dirigent vers le col de la croix du Bonhomme et me demande combien de temps elles seront visibles. Heureusement, je vois quelques drapeaux orange fluo qui semblent indiquer la route. Je ne le saurais qu’après mais les coureurs de la MontainXRace doivent passer par là dans quelques temps.
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Jean-Paul arrive. Je descends retrouver Maxence quelques mètres plus bas pour l’encourager et lui soulager de son vélo pour quelques pas. Il est frigorifié. Rappel : nous sommes cycliste, pas montagnard. Nous savions que le temps ne serait pas au beau fixe ! Mais de là à se retrouver en hiver en ce début juillet !
Je propose à Jean-Paul de faire un massage des pieds de Maxence. Bonne idée. Mais Jean-Paul sort la crème de massage à la menthe ! Je crois qu’au lieu de réchauffer les pieds du courageux Maxence, l’impression de froid s’est quelque peu intensifiée !
Le temps étant de pire en pire, je décide de ne pas traîner. Nous nous engageons dans la traversée vers la Croix du bonhomme. Dès les premiers pas, Maxence se plaint de ne plus sentir ni ses doigts, ni ses pieds. Jean-Paul ne dit rien mais les siens n’en pensent pas moins ... Moi, j’ai enfilé mes gants de ski (que j’ai pris ce matin dans un sursaut de prévoyance !). Je les cède vite à Maxence qui se sent alors déjà un peu mieux.
Le chemin du col du bonhomme au col de la croix du bonhomme est un passage escarpé. Il chemine à flan de coteau entre les grosses pierres de granit. Il ne monte pas fort mais impossible de rouler plus de quelques mètres. Un coup, on pousse le vélo, un coup on le porte, un coup on s’amuse à rouler un peu, cela n’est pas vraiment efficace et utile mais ça nous donne du courage. En été, par beau temps, c’est un passage facile. Mais là, avec la neige, le vent, le brouillard, le froid et les VTT : c’est limite de la folie.
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Le chemin n’en finit pas. Les minutes passent et je commence à trouver que nous n’avançons pas assez vite. Les conditions météo se dégradent s’en cesse. Nous ne croisons personne et personne ne nous double. On ne voit plus aucune trace de pas. Nous sommes « sauvés » par les drapeaux de la MontainXRace qui, tous les 30 mètres, nous disent que l’on tient le bon bout. Je prends quelques pas d’avance et après un passage escarpé, que je passe vélo sur le dos, je rejoins un monument qui semble indiquer que nous ne sommes plus très loin du col. Le vent est terrible. On ne voit pas à 10 mètres. Je pose mon vélo et retourne en arrière à la rencontre de mes coéquipiers. La montée est rude à cet endroit, ils souffrent. Jean-Paul porte son vélo sur l’épaule droite, de l’autre main il tire le vélo de Maxence par la roue avant. Je leur donne quelques mots d’encouragement. Je prends le vélo de Maxence et leur indique le chemin.
C’est dans une véritable tempête de neige que nous arrivons, quelques mètres plus loin au Kern de pierres qui indique le haut du col. Malgré le froid, je sors l’appareil photo pour immortaliser le moment. Nous avons le sourire aux lèvres car nous savons que 50 mètres plus bas, le refuge du bonhomme va enfin nous abriter.
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Nous nous y arrêtons près d’une heure afin de nous réchauffer (je bois un chocolat chaud et un pot entier de thé !) et tenter de sécher nos vêtements autour du seul poêle qui trône au milieu de la grande pièce. Pendant ce temps, la neige continue de tomber. Les VTT sont recouverts de 5 cm !
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Pendant cette halte, nous croyons rêver : des coureurs passent à vive allure en simple basket, short et tee-shirt manche longue … Ce sont les concurrents de la MontainXRace : un truc de fou, sur 5 jours, avec VTT, course en haute montage, course à pied, kayak … réservé aux fous de sport ; ceux qui font deux ou trois tours du Parc de la tête d’or tous les midis et qui le WE enchaînent trois heures de vélos, un semi marathon et 1 km de natation …
A chacun son défi, ce mercredi 4 juillet, le notre a été de réussir cette traversée hivernale sain et sauf.
Nous quittons le refuge pour attaquer une descente assez dure pour ne pas dire carrément casse gueule. Le chemin est un mélange de neige et de boue, une vrai patinoire. La dénivelée est forte. En 3 km, nous passons de 2500 m à 1500 m … Les chutes se succèdent, sans bobo heureusement. La neige fait définitivement place à la boue et à une pluie battante.
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Nous
arrivons aux Chapieux à
Ne devrions-nous pas redescendre en bas ? Prendre un taxi pour rejoindre les Contamines et la chaleur du chalet et dire adieu à notre tour ? L’idée m’a effleuré un instant mais elle s’est très vite évaporée devant l’envie d’aller au bout et de continuer l’aventure.
La montée se passe bien, presque tranquillement. A cet instant, il faut comparer rouler sur une pente à 13% en goudron et porter son vélo les pieds dans la neige … Seul le froid nous rappelle que nous ne sommes pas en promenade. A un km du haut du col, nous marchons un peu pour nous réchauffer les pieds …
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Nous
arrivons au refuge à
Nous
nous couchons vers
Jeudi 5
Juillet
Nous
nous levons à
Nous devrions être à Courmayeur. Nous en sommes loin, d’autant que la montée au Cormet de Roselend nous a éloigné de notre objectif. Nous allons devoir aménager notre parcours. Le temps est il désormais ne notre côté ? Nous regardons par la fenêtre. La neige tombe sans interruption. Le paysage est bien plus blanc que la veille. Ça promet ! Mais la météo annonce une amélioration progressive et beau temps du côté de Courmayeur.
Nous prenons notre temps pour le petit déjeuner. Vu les conditions climatiques et l’humidité de nos vêtements, nous ne sommes pas vraiment pressés.
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A
Nous
remontons rapidement les 150 mètres d’altitude qui
nous séparent du Cormet de Roselend. Les flocons sont
épais. On croit rêver. La
descente vers les Chapieux est rapide. Nous y sommes à
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Nous
arrivons en haut vers
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Enfin en Italie, nous engageons une descente « free ride ». Une trace à droite, une trace à gauche, nous hésitons. Je propose de prendre la trace de gauche. « Mauvais choix », c’est une variante un peu escarpée. La roue avant dans une congère et c’est le salto assuré ! Nous descendons entre les névés. Nous rejoignons le chemin officiel quelques mètres plus bas. Première (et dernière) casse mécanique pour Jean-Paul qui doit réparer ses freins.
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Le
soleil est désormais bien présent mais le vent
est
encore fort et pousse quelques flocons venus de France. Nous descendons
rapidement vers le refuge Elisabeth. Juste en dessous, nous nous
arrêtons enfin
pour le casse croute. Il est
Nous
repartons vers
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Puis nous décidons d’un deuxième détour par le plan Chécroui. La facilité nous aurait poussés à descendre directement sur Courmayeur mais le temps étant désormais magnifique, nous voulons en profiter. La montée est difficile, 400 mètres de dénivelés en plein soleil. Ça nous change mais il fait chaud !
Nous
arrivons au plan Chécroui, 2400 m, vers
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Nous
arrivons à l’hôtel à
Vendredi
6
juillet
Dernière journée. Nous ne pourrons pas faire en VTT les 100 km qui nous séparent des Contamines. Nous décidons de raccourcir cette dernière étape en profitant du Mont-Blanc Express, train touristique entre Martigny et Saint Gervais.
Nous partons de Courmayeur sous un beau soleil. Dans ce fond de vallée, à relative basse altitude, la chaleur est vite étouffante. Nous quittons nos vêtements d’hiver pour nous mettre en vêtements d’été, mais le poids des sacs s’en ressent …
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Il faut d’abord atteindre le val ferret. Une première bonne montée en perspective. La fatigue des jours précédents commence à se faire sérieusement ressentir, sauf pour Maxence qui a une capacité de récupération que l’on envie. Mais c’est surtout, la peau de nos fesses qui commence à être sérieusement atteinte. Merci à Jean-Paul d’avoir apporter un tube de Mytosil !
Le val ferret est magnifique. On a envie de s’arrêter pour paresser le long de la rivière. Un pêcheur attrape une superbe truite juste devant nous. On rêve de faire un bon feu pour la griller. Les montagnes sont malheureusement couvertes par les nuages à partir de 3000 m. Nous de voyons pas les grandes Jorasses, ni les autres montagnes, mais le bas des glaciers suffit à notre plaisir visuel et à nous faire oublier un peu la montée.
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Nous
attaquons à
Nous repartons et atteignons vite le sommet du col. Nous ne sommes pas éreintés mais pas loin. Nous savons que désormais il n’y a plus que de la descente jusqu’à Martigny : 2000 m de descente, ça promet !
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Départ
à
A la Fouly, nous croisons un VTTiste un peu fou. Caméra au point, il fait également le tour du mont blanc par petit morceau. Il filme pour un site internet dont j’ai perdu le nom … Un vrai aventurier, super sympa.
Nous passons un étroit passage avec 100 m de vide à droite. La chute est mortelle … mais nous ne tombons pas, plus de peur que de réel danger. Juste après nous croisons 58 gamins en file indienne qui passeront au même endroit. Le chemin est étroit et nous nous arrêtons pour dire 58 « Bonjour ». Un peu plus loin, nous descendons un chemin qui culmine sur l’arrête d’une moraine, le pied !
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Nous arrivons à Sestrière. Je n’ai plus de carte. Nous prenons la route en direction de Martigny mais très vite nous étouffons. Après trois jours d’oxygène actif, sans voiture, impossible de supporter cette pollution tant sonore qu’olfactive. Jean-Paul fait la gueule … Je vois un chemin sur la droite et décide d’y aller. Une flèche indique Martigny, c’est un GR. Niquel.
Le chemin descend tranquillement au bord de la rivière … puis remonte … puis redescend … puis remonte … oh, des escaliers … ça redescend … ça remonte … une passerelle au dessus d’un précipice … 20 minutes … 40 minutes … quand est ce qu’on arrive ? Plus d’eau, toutes les gourdes sont vides … on redescend … on remonte … et enfin après une heure nous arrivons au milieu …. d’un parcours de santé … nous croisons une jolie fille mais nous ne la suivons pas … pas envie de se refaire une santé maintenant ! … ou plutôt si mais plutôt du style miam miam, glouglou … Ouf, Martigny. La gare. Oups, le train vient de partir. Une heure d’attente. Un Mac Do, là, nous tend les bras … ça vaut pas le risotto aux cèpes mais bon, on aurait mangé et bu n’importe quoi …
Une heure plus tard nous prenons le train direction Saint Gervais les Bains, le parcours est très beau, Vallorcine, Chamonix, Les Houches. Nous finissons par un bout de voiture pour boucler définitivement la boucle. Le temps nous aura fait perdre une journée, le train nous en aura fait gagner une autre. Nous sommes repus d’aventure et plein d’une fatigue saine. La nuit sera bonne.
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Le lendemain matin, nous partons sous un soleil splendide. Sur l’autoroute, dans notre dos, le Mont Blanc fait enfin son apparition, majestueux, grandiose …
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The End